Édito 2024
Réouvrir les portes d'une maison, cultiver un art de la résistance
— par l'équipe de C.A.M.P
Au début des années 1970, Germaine Tillion (1907-2008) choisit de faire construire une maison à Plouhinec (Bretagne Sud), au bord de la Petite mer de Gâvres, pour y vivre une partie de l'année, y recevoir famille et ami·es, cultiver son jardin, et poursuivre son champ de recherche de prédilection: l'ethnologie.
50 ans plus tard, le Conservatoire du littoral, propriétaire de ce site exceptionnel, en étroite collaboration avec la Ville de Plouhinec, réouvre cette maison avec un projet ambitieux: en faire une maison tournée vers la nature pour des artistes qui y habitent, travaillent et mènent leur recherche le temps d'une résidence. C'est dans cette dynamique, en septembre 2024, que la Maison Germaine Tillion ouvre ses portes, avec un projet que nous avons imaginé, inspiré par les combats de cette femme hors du commun. Une nouvelle page de ce lieu s'écrit, ancré dans le présent, dans les enjeux de l'époque contemporaine car, comme le disait Tzvetan Todorov (chercheur et ancien président de l'Association Germaine Tillion): «Le passé est appelé à servir, non à être cultivé pour lui-même (1)».
La maison est complétement rénovée par l'agence PLAY architecture dirigée par Marie Fétiveau, le jardin est en cours d'aménagement par la paysagiste Agnès Bochet, la signalétique est signée Kizzy Sokombe, des partenariats se nouent progressivement avec des théâtres, des universités, des écoles... Nous aurions pu baptiser l'année 2024 «en chantier» mais nous avons choisi «ouvrir les portes», car c'est ainsi que nous voyons notre façon de poser nos valises dans ce lieu: en ouvrant dès à présent la porte aux personnes curieuses, celles qui passent par là par hasard, qui y ont un souvenir, ou qui s'intéressent à la biodiversité.
Alors, soyez les bienvenu.es. La maison est habitée, n'hésitez pas à vous approcher, un·e artiste sera peut-être disponible pour vous montrer son travail, une personne de notre équipe vous présentera l'actualité du lieu, vous pourrez vous promener librement dans le jardin aux essences de menthe, consulter des ouvrages ou boire un café.
L'inauguration, du 21 au 29 septembre, est un moment privilégié pour s'imprégner de l'histoire du lieu, de l'histoire de Germaine Tillion, nous rencontrer, découvrir une dizaine d'artistes invité·es à prendre les augures. Car il s'agit bien de cela, présager ensemble de ce que la Maison Germaine Tillion sera: un lieu pour habiter, accueillir et transmettre, un lieu pour la vie, la dignité et l'espoir, pour le rêve, la recherche et l'art de résistance.
A partir de novembre, un dimanche par mois, «Un Dimanche chez Germaine» est l'occasion d'assister à des lectures et des présentations de travaux, dans une ambiance familiale. Vous pouvez y faire la connaissance des premier·es artistes en résidence: Quentin Rioual, l'Assemblée des Noues (Chloé Adelheim, Charlène Guillaume) et Kizzy Sokombe.
Parfois, les planètes s'alignent, et c'est le sentiment que nous avons eu en découvrant le très bel ouvrage de Lorraine de Meaux intitulé Germaine Tillion, une certaine idée de la résistance, fraichement publié aux éditions Perrin. C'est le bon moment !
(1) Tzvetan Todorov, propos rapportés de sa conférence «Qu'est-ce que la littérature ?», 21 octobre 2016